"Paix à toi"
M Mons. Vincenzo Paglia
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Évangile (Lc 24,35-48) - À ce moment-là, ils racontèrent ce qui s'était passé en cours de route et comment ils l'avaient reconnu lors de la fraction du pain. Pendant qu'ils parlaient de ces choses, Jésus lui-même se tenait parmi eux et leur disait : « La paix soit avec vous ! ». Choqués et pleins de peur, ils crurent voir un fantôme. Mais il leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi des doutes naissent-ils dans votre cœur ? Regardez mes mains et mes pieds : c'est bien moi ! Touche-moi et regarde ; un fantôme n’a ni chair ni os, comme vous pouvez le constater moi-même. » En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Mais comme ils ne croyaient toujours pas de joie et étaient remplis d'étonnement, il dit : « Avez-vous quelque chose à manger ici ? On lui offrit une portion de poisson rôti ; il l'a pris et l'a mangé devant eux. Puis il dit : "Voici les paroles que je vous ai dites alors que j'étais encore avec vous : tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes doit s'accomplir." Alors il leur ouvrit l'esprit pour comprendre les Écritures et leur dit : « Ainsi il est écrit : Le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour, et en son nom la conversion et le pardon des péchés seront prêchés à tous les peuples, en commençant par de Jérusalem. . Vous en êtes témoins."

Le commentaire de l'Évangile de Mgr Vincenzo Paglia

L'Évangile de la messe d'aujourd'hui nous amène à la fin du jour de Pâques, raconté par Luc. Les deux disciples d'Emmaüs viennent d'arriver au cénacle pour raconter aux disciples ce qui « s'est passé en cours de route et comment ils l'ont reconnu à la fraction du pain ». Les apôtres, en effet, toujours saisis par la peur, restaient enfermés dans le cénacle. Pour eux c'était un lieu chargé de souvenirs, sans aucun doute, mais il risquait de rester un lieu, certes protecteur, mais fermé. C'est une tentation que nous connaissons tous très bien : combien de fois, en effet, fermons-nous les portes du cœur, celles de la maison, celles du groupe, de la communauté, de la famille, pour rester calme ou pour peur de perdre quelque chose ! Mais le Ressuscité continue d'être parmi nous, ou plutôt de se placer au centre, et non d'un côté comme une personne parmi tant d'autres, comme une parole parmi d'autres. Il entre et fait obstacle, comme la Parole qui sauve, qui libère de toute fermeture. Les premières paroles de Jésus ressuscité sont un salut de paix : « La paix soit avec vous ! ». Les disciples, envahis par la peur et la résignation, pensent qu'il est un fantôme. Ils avaient également écouté les femmes qui leur avaient dit avoir rencontré Jésus vivant. Mais la distance qu'ils avaient mise entre eux et Jésus déjà au temps de la Passion avait tellement obscurci leur esprit et endurci leur cœur qu'ils ne pouvaient pas dépasser leurs peurs. L’évangéliste semble suggérer que l’incrédulité s’empare toujours des croyants chaque fois qu’ils se détournent de Jésus et se laissent envahir par la peur de leur propre sort. Jésus, arrivé au milieu, leur dit aussitôt : "La paix soit avec vous !". C'est la première parole du Ressuscité. Oui, le premier fruit de la résurrection est la paix. Bien sûr, pas la paix de sa propre tranquillité mais celle qui vient de l'amour des autres. La paix de Pâques ne bloque pas, mais nous pousse avec force à sortir de nous-mêmes à la rencontre des autres. La paix pascale est une nouvelle énergie d’amour qui investit le monde. Pâques, même si elle est vécue par un petit groupe, ou plutôt au début seulement par quelques femmes, est pour tout le monde, elle est pour le monde. Pour les apôtres, cela semblait impossible. Jésus est définitivement mort, sa parole a été tuée pour toujours. Ils ne croient pas à ce qu'il leur avait lui-même dit à plusieurs reprises, à savoir qu'après sa mort, il ressusciterait. Ils ont peur de le voir. Ils pensent qu'un fantôme leur est apparu. Jésus les réprimande avec amour : « Pourquoi êtes-vous troublés ? » Et il répète ce qu'il leur avait dit à maintes reprises dans le passé : ses ennemis le mettraient à mort et il ressusciterait. Combien de fois sommes-nous aussi sceptiques face aux paroles de Jésus ! On pense souvent qu’ils sont irréalistes, tout comme un fantôme. L'Évangile, en revanche, crée une nouvelle réalité, une nouvelle et réelle communauté, composée de personnes auparavant dispersées et effrayées et qui, après l'écoute, se retrouvent ensemble dans une nouvelle fraternité. C'est ce qui s'est également passé ce jour-là avec Jésus qui a commencé à manger avec eux : la vie comme avant Pâques a continué. Ce déjeuner les a réunis avec Jésus et ils ont maintenant appris qu’il serait avec eux pour toujours. C'est ce qui nous arrive aussi, ainsi qu'aux disciples de tous les temps, chaque fois que nous nous trouvons autour de l'autel du Seigneur pour briser son propre corps.