Le pardon de la femme adultère
M Mons. Vincenzo Paglia
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Évangile (Jn 8,1-11) - A cette époque, Jésus se dirige vers le Mont des Oliviers. Mais le matin, il retourna au temple, et tout le peuple vint vers lui. Et il s'assit et commença à leur enseigner. Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, la placèrent au milieu et lui dirent : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant adultère. Or Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider ainsi les femmes. Qu'en penses-tu?". Ils ont dit cela pour le tester et avoir des raisons de l'accuser. Mais Jésus se pencha et commença à écrire avec son doigt sur le sol. Cependant, comme ils persistaient à l'interroger, il se leva et leur dit : « Que celui d'entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. » Et, se penchant de nouveau, il écrivit par terre. Lorsqu'ils entendirent cela, ils s'en allèrent un à un, en commençant par les plus âgés. Ils l'ont laissé tranquille et la femme était là, au milieu. Alors Jésus se leva et lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne vous a condamné ?". Et elle répondit : «Personne, Seigneur». Et Jésus dit : « Moi non plus, je ne vous condamne pas ; va et désormais ne pèche plus. »

Le commentaire de l'Évangile de Mgr Vincenzo Paglia

L'Évangile nous raconte une scène extraordinaire de miséricorde. Tôt le matin, Jésus se rendit au temple. Alors qu'il était occupé à parler à la foule qui s'était rassemblée autour de lui pour l'écouter, soudain le cercle des auditeurs fut divisé par des scribes et des pharisiens qui jetèrent devant Jésus une femme surprise en flagrant délit d'adultère. Selon la loi de Moïse, cette femme devait être lapidée. Si la loi était claire, la violence qui avait poussé ces scribes et pharisiens à jeter ce pécheur devant Jésus était encore plus évidente. Face à cette scène violente, il se tait, se penche comme pour se mettre à terre à côté de ce pécheur, et se met à écrire sur le sable. Le Seigneur de la parole ne parle pas, ne condamne pas : il aime cette femme et veut la libérer du mal. Seuls ces accusateurs continuent de divaguer de manière imprudente. Mais ils ne s’intéressent pas à l’observance de la loi, encore moins à celle du péché. Ils veulent accuser Jésus de le discréditer devant le peuple alors même qu'il enseigne dans le temple, le cœur où ils ont placé leur autorité. La femme est également silencieuse. Il est pourtant bien conscient que sa vie ne tient qu’à un fil, à une phrase qui peut sortir de la bouche du jeune prophète. Les accusateurs ne supportent pas ce silence et insistent pour que Jésus s'exprime. Jésus, enfin, lève la tête et, se tournant vers ceux qui accusent les pharisiens, dit : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre ». Puis il se penche à nouveau et continue d'écrire. L'évangéliste note avec une certaine complaisance : « Ils s'en allèrent un à un, en commençant par les plus âgés ». Oui, ceux qui étaient venus en groupe – la haine unit toujours les serviteurs du mal – repartent dans le désarroi. C'est un moment de vérité. Personne ne reste dans cette clairière, sauf Jésus et la femme : le miséricordieux et le pécheur. Jésus commence à parler avec le ton qu'il utilisait avec les gens difficiles : « Femme, où sont-ils ? Personne ne vous a condamné ? ... Je ne vous condamne pas non plus ; va et ne pèche plus désormais. Jésus, le seul sans péché, le seul qui aurait pu lui jeter une pierre, lui dit des paroles de pardon et d'amour. C'est l'Évangile de l'amour que les disciples doivent accueillir et communiquer au monde au début de ce nouveau siècle qui a tant besoin de pardon. Il ne s’agit pas de condescendre au péché. Loin de là. Chaque disciple le sait par lui-même. Nous sommes tous des adultères, hommes et femmes, qui ont trahi l’amour du Seigneur. Il est toujours resté fidèle et avec une incroyable miséricorde continue de nous pardonner. Nous aussi, avec cette femme adultère, sommes confrontés à Jésus et à sa miséricorde. Nous sommes nous aussi invités à écouter l'exhortation de Jésus à cette femme : « Va et ne pèche plus ! ». La miséricorde de Dieu n'est pas une couverture facile pour cacher le mal. De par sa nature même, cela nécessite un changement de cœur, une prise de distance par rapport au péché et au mal. La miséricorde n'est pas un simple sentiment, l'accueillir est le début du salut car elle nous libère de l'esclavage du mal.